SCEAU NET
Personne n’est venu réclamer
Mes sentiments au Bureau des objets trouvés ;
Tu avais déposé là ton cœur
Pour me faire, tout doux, un malheur…
Il y a plein de ressacs à nuire,
Des bassesses en pure laine,
De petits souliers qui m’empêchent de fuir
Devant le fuseau des jours à la traîne…
Tu as déménagé à corps et à cris,
Ce qui n’a pas arrêté la danse des souris
Au glas de ta lente cloche de bois.
Je m’arraigne dans l’Oubli-poussière
Et m’ébats timidement aux abois ;
Tu fonces comme un leurre, petite bière…
VAGUE À LAMES
Les rafales de ton mutisme
S’arrachent à l’oubli, ensuite
Se mettent à refaire son prisme –
C’est là que s’entame sa fuite
A l’ombre de ces heures sans vie
S’abritent des oiseaux sans nombre
Craignant le néant qui surgit
Sur l’eau des solaires décombres
Un fleuve de lucioles transporte
De joie la nuit, ses cauchemars,
L’aube lui ouvre déjà les portes
Elle s’évade avec nos songes
Nous délivre d’un air hagard –
On qu’a qu’à passer l’éponge
TENNOS
Tout au fond des âges
Il y a l’atelier des mots
La forge de nos maux
Au bout des volutes de fumée
Surgit une cité de merveilles
Bâtie sur les ossements du Poème
Le silence fait boule de neige
Par la neige de mes pages
L’oubli s’érige en avalanche
Qui enfouit tout héritage
Paroles, ouvrez-vous à la fin
Telles des portes ou des cuisses tendres
A ma volonté de vous inscrire sur l’airain –
Tel est pris qui croyait vous surprendre !
___________
Sonet invers, nu doar in vers(-uri)
POUSSEZ PAS !
Aveuglé par ton refus de voir,
Affamé par ta satiété,
Attristé par tes sourires ironiques,
Assoiffé par les angles de tes appas,
Occulté par ton indifférence,
Orienté par toi vers d’autres lointains,
Oblitéré par ton oubli
Offusqué par ton mutisme
Abasourdi par ce silence,
Obligé de manquer à ta parole,
Apparenté à un pauvre hère
Offert impunément à tes rebuffades,
Abandonné comme une proie à l’ombre de tes doutes,
Obscurci, je lâche la nuit de tes tempes
MINI SONNET
Je glisse et tombe
Sur le verglas de tes yeux,
Pour m’en relever
Encore plus malheureux
Tu brûles mes ponts
Vers ton cœur,
Creusant ainsi ma tombe
Avec ardeur
Tes chutes de neige
Ensevelissent mes arpèges
Et les rendent beiges
Il gèle à pierre fendre
Dans ton âme, Cassandre –
Tu n’as rien à rendre…
PARADOXE
Blotti au fond de mon cerveau,
Egaré parmi mes pensées,
J’interroge l’oubli et j’ai beau
Croire que tu m’auras délivré
Je scrute ton absence, elle est là
Palpable et s’offre à la caresse
De mes doigts de fumée : sans voix,
J’observe cette masse d’échos en laisse.
La toile jadis ourdie ensemble,
Tu m’en tissas un labyrinthe
Où j’ai beau errer, marcher l’amble,
Courir au trot de mes hantises.
Je ne saurais m’enfuir, par crainte
Que tu n’y restes, ne t’éternise
DIS-MOI QUI TU HANTES…
Ton souvenir se fait image
Et flotte à contre-courant de mes pleurs :
Elle accourt à la nage
Dans une incessante quête du bonheur.
Tel un poisson, elle se glisse
Parmi les écueils de mes humeurs.
Elle m’envahit, tel un vice
Sous les impulsions de l’ardeur.
C’est bien – hélas ! – un espadon
Qui me transperce en furie.
Il ne m’accorde point le pardon
Et m’enlève tout souffle de vie.
Ton image s’est vite faite Obsession
Et n’en démord plus : elle sévit…
Constantin FROSIN
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